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Comment je procède pour écrire une nouvelle ?
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Comment je procède pour écrire une nouvelle ?
Né en 1954, auteur et artiste peintre autodidacte , Francis DENIS réside à Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, près de Saint-Omer, en France. Il a exercé la profession d’éducateur de 1973 à 2014.
Il fut le co-fondateur de la revue poétique Lieux-d'Être avec le poète Régis LOUCHAËRT puis co-organisateur du festival d'art sacré contemporain « Les Regardeurs de Lumière » en la cathédrale de Saint-Omer de 2008 à 2013.
Il a désormais à son actif trois recueils de nouvelles :
- Les Saisons de Mauve ou le Chant des Cactus,
- Le Château des Dieux
- Les Désemparés parus aux Éditions Delatour France.
Nombreux textes et illustrations en revue papier ou sur le net à travers le monde (Le Chasseur Abstrait, Népenthès, Aéra zinc, Blue Fifth Review, Ellipsis, Les Trompettes Marines, Le Capital des Mots, Squeeze, Voxpoesi, The Ilanot Review , Taj Mahal Review, Monolito, La Ira de Morféo, The Milo Review, L'Ampoule aux éditions de l'Abat-Jour, Under the Gum Tree, Kritiks, Artyhum, Arte.es, Traversées, etc... ).
Expositions en France et à l'étranger.
S’échapper de la classification des genres
Par Annie Forest-Abou Mansour
Deux nouvelles, « Jardin(s) » et « La Femme trouée », du nouveau recueil Jardin(s) de Francis Denis, peintre et écrivain à « « l’imagination débordante », sont offerts aux lecteurs. Deux nouvelles au climat et aux thèmes mélancoliques et tragiques comme dans ses précédents ouvrages : La Traversée, Le Passage, Les Désemparés, La Saison des Mauves et le chant des Cactus (1). Apparemment simple au premier regard, ce recueil est en réalité d’une grande complexité narrative et psychologique. Il échappe à la classification des genres. Ces nouvelles, cristallisation de moments intenses à la dimension émotionnelle puissante, allient en effet le roman, le genre épistolaire, le théâtre, le monologue intérieur, devenant dialogue théâtral avec ses contraintes dramaturgiques comme la présence de didascalies,« (Rires) », « Nouveaux sourires », les prénoms en caractères gras en début de tirade, l’absence de verbes introducteurs de paroles… Ces nouvelles proposent au lecteur un univers pimenté d’arcanes secrètes et étranges où réalité et fiction se mêlent intimement et mystérieusement et où différentes instances narratives apparaissent.
Le jardin réel et métaphorique
Le titre de l’opuscule et de la première nouvelle, Jardin(s), s’accorde aussi aux champs lexicaux du second texte, « La Femme trouée ». Jardin (s) , titre au pluriel glissé entre parenthèses, espèce de mise en exergue, annonce le petit jardin de René, à « la végétation, si luxuriante et si colorée », symbole de régénéréscence, de vie, de solidarité, hâvre de jeu et de joie pour les enfants des voisins :« lieu convivial où chacun pouvait trouver sa dose de bien-être, se sentir moins isolé et tisser un patchwork de petits bonheurs en société ». Jardin, créateur d’instants de bonheur pour le protagoniste dans le sombre, triste et ennuyeux quartier où il réside. Jardin, paysage extérieur et intérieur, miroir de l’âme, « reflet de (l’) âme », en osmose avec le ressenti de René, s’épanouissant lorsqu’il est heureux, s’étiolant lorsqu’il sombre. Jardin de Marthe devenu potager, jardin des souvenirs : « Les souvenirs, ça se cultive. Comme les légumes dans le potager (...) », métaphore et champ lexical de la culture évoquant l’idée d’une renaissance possible par le biais de la mémoire, de l’imagination et du rêve. Un jardin mortifère et vivant, oxymore enfoui dans les plis du texte.
Un univers sombre
L’ouvrage de Francis Denis plonge le lecteur dans l’univers mélancolique et émouvant de René exprimé à merveille dans l’énumération : « Chagrin, nostalgie, lamentation, soupir, tristesse, désolation, la liste des mots pouvant traduire cette plongée dans la mélancolie est on ne peut plus fournie ». Univers émouvant et mélancolique aussi de Clotilde, Marthe, Marguerite, des coeurs simples et fragiles brisés par la destinée, aspirant au bonheur, à l’affection et à la tranquillité.
Les personnages principaux des deux nouvelles, - René, Marthe, Marguerite,- sont des humains, profondément humains, des écorchés vifs, accablés par le malheur, la solitude, l’ennui. René, englué dans une réalité sombre et mortifère, n’a pour amis que son ombre et Nestor, son poisson rouge (« Lorsque je dis « nous », je m’entends bien, il s’agit de moi-même et de mon ombre. On peut éventuellement y ajouter la présence de Nestor, mon poisson rouge, le cercle de mes relations intimes ou non s’arrêtant là ») ! Homme hypersensible, il se sent dévalorisé, inexistant, invisible aux yeux des autres. Il veut, comme Marthe, être reconnu, « faire partie de leur monde ». La construction d’une piscine verticale va momentanément transformer son existence et rompre sa solitude : « Tout le monde fait maintenant la queue pour pouvoir bénéficier à la fois de la piscine et du cadre enchanteur de mon jardin ». Grâce à cette piscine étrange, il découvre l’amour, inespéré et incroyable, en la personne de la jeune Clotilde, femme idéale, sens de sa vie. En effet, des trouées de lumière transfigurent l’existence de tous ces malheureux : le soutien de l’Abbé Pierre durant le terrible hiver 54, les souvenirs de soirées de Noël en famille, la rencontre, pour Marthe, de ses employeurs, - personnages absents, vus en creux -, devenus des amis, la complicité fraternelle entre leurs enfants et la petite Marguerite qui fréquente la même école privée qu’eux, matérialisation de l’accession à une autre classe sociale : « Joie et fierté qui redoublaient quand il lui arrivait de conduire elle-même les trois écoliers jusqu’à la grande grille en métal forgé. Pour elle, ces grilles étaient le symbole d’un monde inaccessible, une espèce de paradis auquel elle n’aurait jamais cru pouvoir accéder. Enfin, elle avait sa place dans la société ! ». Ces instants lumineux, - des souvenirs essentiellement - métamorphosent la vie de Marthe. Le rêve et l’inconscient libérateurs favorisent l’évasion et l’émancipation de cette femme que quarante cinq ans séparent du tragique incendie, ellipse temporelle infinie, hiatus profond expliquant le titre de la nouvelle. La mort de la mère au prégnant amour, nécessaire scission entre elle et sa fille, met en branle le corps et la parole de la grabataire (« Maintenant, maintenant que Maman est morte, il va falloir se lever. / descendre jusqu’au village pour appeler à l’aide. / Crier enfin. Redevenir soi-même / Accepter la guérison et regarder plus loin, plus loin encore ») dans une vie mise en abyme vécue intensément. Le bonheur ne peut-il exister que dans le rêve aux effets cathartiques, compensations aux échecs de la vie , dans l’observation de la beauté luxuriante de la Nature et dans la création ?
Revue d'Art et de Littérature, Musique |
Éditions La Route de la Soie
Gens pas simples
Francis Denis publie chez La Route de la soie un bref volume dans lequel le lecteur sera sans doute invité à réfléchir sur le parallèle de ces deux récits :
Jardin(s) — C’est le récit laconique que nous fait un assassin de ses crimes aux mobiles somme toute assez dérisoires. Il présente sa narration en actes successifs qui n’aboutissent en rien à des considérations judiciaires. L’ironie s’habille non pas de simplicité, mais d’un langage qui appartient sans doute au psychopathe capable d’amour, certes, mais de peu d’empathie, ce qui le conduit aussi bien à s’évertuer à plaire à ses voisins qu’à décontenancer un supposé psychologue dont le visage demeurera à jamais inconnu. L’endroit (le livre) n’est pas confortable, mais on y entre tout de même et il n’est pas sûr qu’on en sorte.
La femme trouée — Tout aussi brève, mais non point lapidaire, l’histoire de ces deux femmes, mère et fille, relève à la fois de la réalité la plus ordinaire et du rêve qui fricote avec le désir de miracle. L’enfermement de Marguerite, depuis un dur évènement à l’âge de huit ans, n’est pas aussi vide de sens qu’il y paraît au premier abord. Son esprit, d’abord envisagé de l’extérieur par les yeux de sa mère, qui ne diffère pas des yeux des autres, est soudain propulsé dans cet extérieur comme une suite de miracles ou en tout cas de bonheurs si bien mérités qu’on finit par y croire. Pourtant, ce n’est pas ainsi que s’achève cet étonnant récit.
Le lecteur amateur des choses de la vie appréciera sans réserve ces fruits de l’observation et le style mis en œuvre par un auteur qui a depuis longtemps fait ses preuves en matière de fiction réaliste.
Ce recueil comporte deux longues nouvelles, ou deux courts romans, ou un court roman et une longue nouvelle mais peu importe le contenant, il nous restera toujours l’émotion dégagée par ces deux textes pathétiques, tragiques, poignants… Des histoires qui auraient pu figurer dans Les désemparés un précédent recueil de Francis Denis.
Jardins(s)
Un quadragénaire vivant seul avec son animal de compagnie éprouve les affres d’une profonde solitude, il se sent ignoré et même rejeté par son voisinage, il a l’impression de ne pas exister pour les autres, il est insignifiant. Pour se faire remarquer, pour exister, il décide de construire dans son étroit jardin, une piscine particulière qu’il ouvre aux enfants du quartier. Il est alors beaucoup mieux considéré, les voisins le saluent, il est un personnage du quartier, il existe. Mais il lui faut payer les travaux de construction de cette piscine et le maçon le fait chanter au sujet de certaines formalités administratives qui n’ont pas été respectées. Le maçon subit ce que risquent tous les maîtres chanteurs et les malheurs du pauvre bougre recommencent. Il espérait construire une vie nouvelle avec la belle Clotilde mais son forfait, bien qu’ignoré de tous, risquent de remettre en cause tous ces beaux projets.
Le drame de la solitude, de ceux qui, comme ce garçon, ont été transbahutés de foyers en familles d’accueil, ne s’installant jamais réellement dans la vie, restant à tout jamais des déracinés, des apatrides de la société. Le déchirement aussi de la culpabilité qui condamne plus sévèrement que les tribunaux.
La femme trouée
L’histoire d’une fille qui raconte une l’histoire qu’elle aurait peu avoir mais qu’elle n’a pas eue. Enfant, Marguerite a fait une très grosse bêtise, elle a allumé un incendie en jouant avec les enfants des maîtres de sa mère. Elle s’en est sortie mais les deux autres enfants ont péri dans les flammes. Après une longue hospitalisation, elle a pu reprendre une vie indépendante avec sa mère qui a consacré toute son existence à cette enfant muette et handicapée. Son amour pour sa fille est sa seule raison de vivre et, quand elle décède, Marguerite écrit l’histoire qu’elle aurait pu avoir si sa mère ne l’avait pas étouffée de son amour. C’est bouleversant !
Francis Denis écrit ces textes dans une langue simple, précise, épurée, fluide, élégante, très agréable à lire même s’il raconte des histoires déchirantes. Cette écriture permet de lire ces textes bouleversants avec moins de douleur.
« Le poids du bonheur à venir l’emportera-t-il sur celui de la honte et des regrets ?
Telle est la question jaillissant de la première nouvelle intitulée « Jardin(s) » proposée par Francis Denis.
Un des jardins secrets hanté par quelques feux follets, leurs lueurs, ou par les ombres projetées ???
En quelques actes, le remords, les angoisses d’un homme se mueront en un étau infernal. Seule la rencontre d’une jeune femme pourrait interrompre la descente aux enfers.
Ce n’est plus qu’un enfant perdu, meurtri, qui s’abandonne sans honte et tout entier…
Lui qui rêvait déjà tout jeune de pouvoir un jour se retrouver sur les planches. Une façon comme une autre d’échapper à son destin et de dire aux autres : vous voyez, là, c’est moi.
Seulement, tous les contes de fées n’ont pas la même fin et celui-ci a toutes les chances de finir tragiquement.
Une seconde nouvelle « La femme trouée » remuera le terreau où ont été semés tant de souvenirs. Mais les souvenirs, ça se cultive. Comme les légumes dans le potager, il faut en prendre soin, leur parler, apaiser leur soif, leur murmurer des mots gentils ou encore leur chantonner tout en remuant la terre tout autour pour qu’ils puissent respirer et s’épanouir en toute tranquillité.
Mais il y a souvent une certaine gêne à s’immiscer dans la vie privée de l’autre, surtout quand la porte est close.
*
« Préfacer, postfacer, nous préférons passer, glisser, nous « effacer », comme les personnages si attachants et tristement oubliés de Francis Denis.
Rêveurs et acharnés, pitoyables démons venant gratter les portes de nos cerveaux-greniers.
Tant de tendresse inaboutie ! Combien de crimes n’avons-nous pas commis au nom d’impossibles amours ? Combien de rêves avons-nous faits brouillant les cartes du réel ? Vagabonds de l’esprit…
Mais que sommes-nous d’autre ? Connus ou inconnus, encensés ou méprisés, nous ne sommes que des naufragés sans boussole. Les uns bien à l’abri, dans le carré des officiers, exhibant un galon dans un galion à la dérive, les autres nus et solitaires, sur des radeaux de déraison.
Où nous allons, nul n’en sait rien.
Mais peut-être à la fin il n’y a que nos songes, accostant sans fanfare, sur les terres astrales, aurores boréales de Mondes inventés. «
Préface signée Alain Cadéo
Francis Denis nous revient avec un nouvel ouvrage qui vient de sortir aux éditions La route de la Soie. Il dépeint deux histoires aux personnages poignants, drames teintés d’espoir et d’humanité.
René est seul. Et sa solitude, il la noie dans son jardin, véritable vitrine de ce que la nature fait de plus joli à travers le monde. Très vite, le manque qui l’habite gagne son petit paradis, perdu entre quatre murs au pied des terrils. L’idée lui vient. Quitte à être seul, autant être unique. Et chacun sait que la curiosité attire le monde. Le voilà parti dans un projet insensé, construire une piscine verticale, qui attirera les voisins dans son intimité comme des abeilles dans un pot de miel. D’homme solitaire et renié, René devient l’ami que tout le monde doit avoir, et son jardin, l’endroit où il faut être.
Né en 1954, auteur et artiste peintre autodidacte , Francis DENIS réside à Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, près de Saint-Omer, en France. Il a exercé la profession d’éducateur de 1973 à 2014.
Il fut le co-fondateur de la revue poétique Lieux-d'Être avec le poète Régis LOUCHAËRT puis co-organisateur du festival d'art sacré contemporain « Les Regardeurs de Lumière » en la cathédrale de Saint-Omer de 2008 à 2013.
Il a désormais à son actif trois recueils de nouvelles :
- Les Saisons de Mauve ou le Chant des Cactus,
- Le Château des Dieux
- Les Désemparés parus aux Éditions Delatour France.
Nombreux textes et illustrations en revue papier ou sur le net à travers le monde (Le Chasseur Abstrait, Népenthès, Aéra zinc, Blue Fifth Review, Ellipsis, Les Trompettes Marines, Le Capital des Mots, Squeeze, Voxpoesi, The Ilanot Review , Taj Mahal Review, Monolito, La Ira de Morféo, The Milo Review, L'Ampoule aux éditions de l'Abat-Jour, Under the Gum Tree, Kritiks, Artyhum, Arte.es, Traversées, etc... ).
Expositions en France et à l'étranger.
"Préfacer, postfacer, nous préférons passer, glisser, nous « effacer », comme les personnages si attachants et tristement oubliés de Francis Denis.
Rêveurs et acharnés, pitoyables démons venant gratter les portes de nos cerveaux-greniers.
Tant de tendresse inaboutie ! Combien de crimes n’avons-nous pas commis au nom d’impossibles amours ? Combien de rêves avons-nous faits brouillant les cartes du réel ? Vagabonds de l’esprit…
Mais que sommes-nous d’autre ? Connus ou inconnus, encensés ou méprisés, nous ne sommes que des naufragés sans boussole. Les uns bien à l’abri, dans le carré des officiers, exhibant un galon dans un galion à la dérive, les autres nus et solitaires, sur des radeaux de déraison.
Où nous allons, nul n’en sait rien.
Mais peut-être à la fin il n’y a que nos songes, accostant sans fanfare, sur les terres astrales, aurores boréales de Mondes inventés. "
Alain Cadéo