« Le poids du bonheur à venir l’emportera-t-il sur celui de la honte et des regrets ?
Telle est la question jaillissant de la première nouvelle intitulée « Jardin(s) » proposée par Francis Denis.
Un des jardins secrets hanté par quelques feux follets, leurs lueurs, ou par les ombres projetées ???
En quelques actes, le remords, les angoisses d’un homme se mueront en un étau infernal. Seule la rencontre d’une jeune femme pourrait interrompre la descente aux enfers.
Ce n’est plus qu’un enfant perdu, meurtri, qui s’abandonne sans honte et tout entier…
Lui qui rêvait déjà tout jeune de pouvoir un jour se retrouver sur les planches. Une façon comme une autre d’échapper à son destin et de dire aux autres : vous voyez, là, c’est moi.
Seulement, tous les contes de fées n’ont pas la même fin et celui-ci a toutes les chances de finir tragiquement.
Une seconde nouvelle « La femme trouée » remuera le terreau où ont été semés tant de souvenirs. Mais les souvenirs, ça se cultive. Comme les légumes dans le potager, il faut en prendre soin, leur parler, apaiser leur soif, leur murmurer des mots gentils ou encore leur chantonner tout en remuant la terre tout autour pour qu’ils puissent respirer et s’épanouir en toute tranquillité.
Mais il y a souvent une certaine gêne à s’immiscer dans la vie privée de l’autre, surtout quand la porte est close.
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« Préfacer, postfacer, nous préférons passer, glisser, nous « effacer », comme les personnages si attachants et tristement oubliés de Francis Denis.
Rêveurs et acharnés, pitoyables démons venant gratter les portes de nos cerveaux-greniers.
Tant de tendresse inaboutie ! Combien de crimes n’avons-nous pas commis au nom d’impossibles amours ? Combien de rêves avons-nous faits brouillant les cartes du réel ? Vagabonds de l’esprit…
Mais que sommes-nous d’autre ? Connus ou inconnus, encensés ou méprisés, nous ne sommes que des naufragés sans boussole. Les uns bien à l’abri, dans le carré des officiers, exhibant un galon dans un galion à la dérive, les autres nus et solitaires, sur des radeaux de déraison.
Où nous allons, nul n’en sait rien.
Mais peut-être à la fin il n’y a que nos songes, accostant sans fanfare, sur les terres astrales, aurores boréales de Mondes inventés. «
Préface signée Alain Cadéo