Nous publions ci-dessous l’intervention de l’écrivain Lyazid Benhami, lors de la rencontre du 10 octobre 2020 tenue à l’Académie de la diplomatie des relations internationale à Genève autour du livre « Projet de Constitution de l’Algérie nouvelle » co-rédigé par Maitres Lachemi Belhocine et Reza Guemmar. Contribution.
Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d’abord à remercier messieurs Lachemi Belhocine et Reza Guemmar pour leur travail sérieux. En nous proposant le Projet de constitution de l’Algérie nouvelle, ils nous invitent à être ambitieux pour notre pays, et par-delà à rendre hommage à nos martyrs pour les sacrifices consentis.
Ce Projet de constitution de l’Algérie nouvelle implique une vision politique et un choix de société.
Par les différents sujets évoqués, on ne peut qu’être qu’optimiste sur les perspectives sociétales. Ces propositions revêtent un caractère universel. Pour la plupart d’entre elles sont issues de constitutions ayant fait leurs preuves dans le temps, et pour d’autres elles sont inspirées par les us et coutumes de l’Algérie.
Une vision politique ambitieuse n’est possible qu’en ayant et qu’en s’appuyant sur un certain courage politique.
Au vu des propositions suggérées dans ce travail, nous ne pouvons qu’y adhérer, et peut-être même que d’autres pays pourraient s’y inspirer.
Les sujets abordés sont ambitieux et modernes, tels que :
– La neutralité et l’impartialité de l’Etat dans le domaine des cultes.
– Une égalité parfaite entre les femmes et les hommes
– Une démocratie participative (souveraineté du peuple).
– Une indépendance du pouvoir judiciaire (avec une autonomie organisationnelle et budgétaire)
– Une réforme de l’État (décentralisation du pouvoir exécutif, autonomie communale, mise en place d’une armée républicaine et enfin protéger l’Institution militaire de tout clivage politique, mise en avant du référendum).
La Constitution idéale, je dirai qu’il faut la rêver, la penser, et enfin l’exprimer. C’est ce que nos deux amis ont tenté de faire. En tout cas cet exercice est réussi, il ne peut laisser indifférent plus d’un.
Toute loi fondamentale est perfectible. Celle figurant dans cet ouvrage a plusieurs mérites, notamment ceux de la stabilité et de la modernité, en sus de son efficience. Cette œuvre est issue d’une étude comparative de 130 constitutions à travers le monde. Les auteurs se sont attachés notamment aux principes de jurisprudence et aux mécanismes juridiques innovants. Par exemple : une souveraineté populaire dans laquelle la commune devient un instrument important et le pilier de son exercice.
La démocratie est très certainement une conception qui varie d’un pays à un autre. Par cette proposition du Projet de constitution de l’Algérie Nouvelle, les auteurs semblent privilégier une démocratie et une organisation de la vie politique et culturelle spécifiques aux us et coutumes de l’Algérie. Cette proposition de démocratie à l’algérienne est soucieuse des valeurs historiques et culturelles algériennes.
On remarque dans le préambule de ce projet, également la référence aux valeurs de la culture algérienne et à l’esprit du Congrès de la Soummam.
Comme disait Aristote, » le commencement est plus que de la moitié de l’objectif », donc osons être ambitieux pour l’Algérie, en invitant au débat constructif et salvateur mais sans exclure aucune sensibilité.
Je n’oublie pas que le mérite revient en priorité aux citoyennes et aux citoyens qui ont su exprimer depuis longtemps leurs revendications légitimes de changement. Je dirai qu’en quelques sortes, nos deux co-auteurs ne sont que la plume de ce digne peuple algérien.
Si Jean Jacques Rousseau, le premier à avoir conféré la souveraineté au peuple, avait attendu l’assentiment de quelqu’un, il n’aurait certainement pas écrit « Du Contrat social » !
Lyazid Benhami (*)