Le réchauffement climatique et ses conséquences sur les équilibres pla- nétaires provoquent une inquiétude générale. Face à cette menace, les gouvernements du monde sont partagés entre la nécessité d’une approche collective à l’échelle de la planète et la défense de leurs intérêts nationaux respectifs. Les COP, comme tentatives de gouvernance mondiale, se heurtent à cette contradiction. S’y expriment, avec une égale conviction, l’aspiration à une solidarité universelle et les égoïsmes les plus archaïques.
La question de la transition
La croissance et le développement sont-ils compatibles avec la lutte contre le réchauffement climatique ? La question ne se pose évidemment pas dans les mêmes termes pour les nations développées que pour les pays en développement, pour le Japon, l’Allemagne ou la France que pour la Chine, l’Inde, le Brésil ou le Nigéria. Y a-t-il un développement possible sans augmentation de la consommation d’énergie ? Jusqu’à ce jour, on a observé une parfaite proportionnalité entre les deux. Y a-t-il une recette de la croissance sobre, saurons-nous la trouver à temps ? La réponse n’est pas donnée. Il y a une grande ambiguïté, pour ne pas dire hypocrisie, à imposer des restrictions (évidemment légi- times du point de vue de l’intérêt général) aux sources d’énergie disponibles que sont le charbon, le pétrole et le gaz, sans dire par quoi et comment elles seront rempla- cées. L’Europe, à l’instar de l’Allemagne, s’est lancée dans un gigantesque et ruineux programme d’énergies éoliennes et solaires, et cependant met en service des centrales à charbon et construit des gazoducs pour apporter massivement une « énergie verte de transition ». Combien de temps cette transition est-elle destinée à durer ? Par quoi cette « énergie verte de transition » sera-t-elle remplacée ? Cette question n’a pas reçu de réponse non plus. C’est cette ambiguïté qui est la cause de la motion de dernière minute sur le charbon, remplaçant l’objectif « d’élimination progressive de l’énergie au charbon et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles » par un engagement à « accélérer les efforts » pour réduire progressivement l’utilisation du charbon et à mettre fin aux subventions inefficaces en faveur des énergies fossiles. C’est cette motion qui a provoqué les larmes du président de la COP26, Alok Sharma.
Il apparaît que de COP en COP, la réalité rattrape la fiction. Alors qu’en 2015, lors de l’Accord de Paris, les pays s’étaient donné pour ambition une réduction de 45 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 2010 et 2030, le Pacte de Glasgow se félicite des nouveaux engagements de réduction annoncés, qui, s’ils sont respectés, condui- raient à une hausse de 13,7 % des émissions de GES d’ici 2030 !"
Hervé MACHENAUD • ancien directeur exécutif et ancien directeur Asie-Pacifique du Groupe EDF